Invité par la Commission des Jeux Olympiques et le Ministère de la Culture de la PRC, A-Sun Wu nous présente une série d’œuvres qui comprend des peintures, des sculptures et des installations.
Le rapport entre l’être humain, la nature et l’âme est une problématique permanente pendant tout notre vie et la préoccupation de l’artiste. Dans la société primitive, les hommes vivent et survivent en subissant de mauvaises conditions et le clan était la structure sociale. A cette époque-là, les liens humains et ceux entre les être-humains et la nature étaient inséparables. Alors que les hommes sont passés soi-disant au-dessus de la grande nature grâce à l’invention des outils et machines. Certes, s’est produite une aliénation de la relation entre les hommes, la société et la nature. L’intervention violente de l’industrialisation a créé une rupture dans la concordance entre ces trois derniers. L’artiste a vécu dans les deux formes de sociétés, l’une moderne et l’autre primitive, et s’est rendu compte de l’immense différence. « Comment peut-on éveiller notre conscience ? Que fera-t-on pour retrouver la joie dans la nature ? » Ce sont les deux questions qu’il se répète dans sa tête. Enfin, il a trouvé son propre moyen pour redécouvrir la paix et l’harmonie : l’art.
L’art primitif, notamment la sculpture africaine, a été source d’inspiration pour les œuvres de ses installations. Il a, d’une manière très inventive, recomposé des matériaux de récupération et les a transformés en œuvres au cachet résolument moderne et réalisées aux moyens de différentes techniques. En ce qui concerne la couleur, le ton traditionnel des tribus primitives s’est bien infusé dans son esprit : le rouge représente la vivacité, le noir signifie la force et enfin le blanc désigne la paix. Un mariage parfait du modernisme et du mythique de l’art premier se trouve dans sa sculpture.
Différentes de la sculpture africaine en bois, une grande partie de ses œuvres procurent des images composées à travers lesquelles nous pouvons aussi voir les sentiments des acteurs en question et des scènes de la vie quotidienne. A-Sun a crée son langage en figurant les traits droits qui représentent les hommes et les courbes, les femmes. Il disait ainsi, « Dans mon tableau, il y a une partie conçu par des courbes et l’autre par des traits tout droits, qui représentent, en fait, le Yin et le Yang. Ces deux derniers forment une harmonie complexe et paisible. » Le cycle de la vie fonctionne exactement comme l’idée du Yin-Yang, le symbole principal du Daoïsme. On trouve également les techniques empruntées de la calligraphie et du papier-découpé chinois qui montrent non seulement la forme mais aussi rendent le tableau vivant. En face des œuvres d’A-Sun, c’est une occasion d’écouter le conte de la vie, un vrai! En voyant le travail d’A-Sun, ce qui me frappe le plus est son esprit vif, pur et sa conscience par rapport à la nature. Ses qualités, telle que la capacité de découverte et de concentration se sont développées dans son enfance à la campagne. Il m’a raconté, au cours d’un entretien, qu’il avait un ami médecin, la trentaine et brillant, qui s’était aperçu avoir le cancer et lui avait indiqué qu’il lui resterait encore trois mois à vivre. A partir de ce moment, son regard a changé et il a commencé à apprécier ces petites choses qu’il ne remarquait pas avant. Comme pour A-Sun, il a pris conscience de toutes ces petites secondes qui s’accumulent et il s’est mis à noter dans son cahier chaque instant qui l’inspire. « Une phrase qui apparaît dans ma tête, je la considère comme un message important de Dieu. Et cela ne se répète pas une deuxième fois. J’ai la chance de le capter…c’est une grâce accordée par Dieu pour les gens qui travaillent.» D’ailleurs, il a pris conscience de la vitesse du temps qui passe. « …Après mon séjour pendant deux ans en Espagne, je me suis dit que je ferais trois fois plus d’effort pour rattraper mon retard. Quand mon collègue termine un tableau, j’en ai peint trois. C’est la première fois que j’ai ressenti que la vie était si courte. Du coup, mon attitude face à la vie a trouvé sa direction. »
Arrivé à soixante six ans, A-Sun est maintenant un artiste connu et reconnu non seulement en Asie mais il a mené aussi une carrière internationale remarquable grâce à son propre langage et son univers. Il a été sélectionné trois fois à la biennale de São Paulo dès 1968 et a reçu le grade de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 1998 en France. C’est la troisième personne d’origine chinoise qui a eu l’honneur de recevoir ce prix après CHU Teh-chun et ZHAO Wu-ji.
A-Sun et son travail représente une valeur sure. Nous sommes dans une époque où la globalisation envahit le monde. La culture et la civilisation « européenne » menacent de prendre l’ascendant sur le reste du monde. La disparition d’une certaine culture signifie la perte de la richesse de la créativité et de l’imagination humaine. C’est la diversité et l’ampleur de la culture qui peuvent créer d’autres possibilités aux être-humains. De ce point de vue, cet artiste fait partie des vrais protecteurs d’une civilisation unique. Il a créé son propre langage en assimilant d’autres cultures pour nous prouver qu’effectivement, la concordance des différentes choses existe sans conflit. Enfin, A-Sun Wu nous apporte de nouvelles visions dans l’art contemporain et nous rassure pour l’avenir de la diversité culturelle et sur la profondeur de la civilisation.